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DPP

La Participation

 

« Tout ce qui est fait sans nous, pour nous, est fait contre nous.»
Gandhi, fréquemment repris par Mandela
 

 

Avec la volonté de planifier la participation, il nous faut la définir, puis en repérer les formes existantes pour enfin en identifier les degrés auxquels les acteurs pourraient intervenir et à quelle étapes d’une démarche de planification. Afin de préparer le terrain à ce type de démarche, nous devrons alors préciser les changements que cette participation induit dans le rôle des acteurs concernés, les facteurs qui favorisent ces démarches.      

 

Qu’est ce que la participation ?

 

En 2000, la FAO et l’OMS définissent très clairement ce qu’est la participation :

 

Qu’est ce que le groupe ? 

 

Que devient le rôle des différents acteurs dans les processus participatifs ? 

L'expert, l’élu, le professionnel partagent une vision, veille, prospecte. Il n’est plus une référence indiscutable, mais celui qui accompagne l'émergence de la dynamique locale. Son rôle n'est plus ou n'est pas d'apporter des solutions,mais il permet l'émergence des solutions dans le groupe »[10] 

Il soutient les habitants et valorise au mieux ce que réalisent ces derniers. 

Le citoyen 

Passe du rôle de spectateur, d’usager, de bénéficiaire, de client au rôle d’acteur citoyen. Mais ceci implique une forme d’organisation politique qui permette l’expression de la population.

 

Qu’exige la participation ?

 

Quelles sont les conditions qui favorisent la paticipation ?

Considérer les usagers comme  

Bonne insertion temporelle et besoin clair. Les acteurs sont-ils prêts à collaborer et existe-t-il un sentiment d’impatience à travailler ensemble ?

 

C'est à partir d'actions concrètes, apparemment limitées, circonscrites dans le temps et l'espace que les personnes regroupées pour faire face à des pro­blèmes communs prennent conscience :

Il existe une dynamique dialectique entre l'action concrète et la prise de conscience critique chaque fois plus large des situations. Des "points de pas­sage" sont identifiables entre plusieurs "niveaux" ou contenus de conscience.

Dans les démarches accompagnant des groupes vulnérables, en situation extrême de pauvreté, d’aliénation, la mise en oeuvre d’actions concrètes et rapides est essentielles. Elles ont un réel pouvoir subversif, en inversant le cercle d’échec répété, en induisant une force d’identification, elles contribuent à renforcer, initier les mécanismes de résilience individuels et communautaires.      

 

Quelles sont les différentes formes de participation ?

L’OMS distingue 3 formes de participation

 

La participation vue d’Amérique centrale

1. La mise en place d’un processus de participation citoyenne

2. Un réel niveau de décentralisation (transfert de ressources, de décision et de pouvoirs au niveau local)

3. La concertation comme nouvelle forme de relation entre les différents acteurs du développement.

4. Traiter de nouveaux thèmes du développement local (délinquance, justice, etc.) »[15]

 

Quels sont les degrés de la participation ?

Les différents types de participation que l’on vient d’évoquer se réfèrent à des degrés de participation des acteurs concernés à différents niveaux de décision.

La participation rentre dans le cycle de gestion de projet à partir de la 4° genération d’évaluation.

 

Génération

Type

d'évaluation

Qui décide du   contenu de

l’évaluation   ?

Qui pilote les   travaux

d’évaluation ?

Qui produit le   jugement final

?

1ère à

3ème

Managériale

Administration   responsable de la gestion

L’équipe d’évaluation

4ème (a)

Coproduite  

Autorités publiques (élus   ou

Directeurs)

Gestionnaires   + Opérateurs

L’équipe d’évaluation

4ème (b)

Pluraliste

Autorités publiques

(élus ou Directeurs)

Autorités publiques +   Société civile + (Opérateurs)

5ème

Emancipation

Société civile

Les 5 générations d’évaluation [16]

DPP

Autorités publiques+ Financeurs + Société civile (ONG,   Associations) + Opérateurs+ Professionnels de terrain+ Citoyens vulnérables

 

Dans ce cadre, la Démarche Participative d’Evaluation, DPE, se situe entre la 4° et 5° génération d’évaluation en accordant une place particulière aux citoyens vulnérable et une attention particulière aux choix des méthodes dont les résultats et leurs présentations doivent être compréhensibles, lisibles par les principaux utilisateurs des recommandations.

Ici, toutes les parties prenantes sont invitées à participer, à contribuer aux différentes étapes du processus évaluatif :

  1. la définition en commun du contenu du projet d’évaluation : les enjeux et questions prioritaires (le mandat d’évaluation),
  2. la validation de la/ des méthodes utilisées, de la ou des formes de présentation des résultats avec une exigence de compréhension, d’accessibilité par tous ceux qui sont impliqués dans la décision et du programme de travail (le cahier des charges)
  3. le pilotage et la supervision des travaux, collecte des données (participation à une Instance d’évaluation),
  4. puis l’analyse et la présentation des résultats
  5. l’interprétation des données collectées (la production du jugement final),
  6. et enfin, la formulation de recommandations élaborées par les principaux utilisateurs.[17]

 

Pour la FAO

La participation information ou participation passive

Les gens sont tenues informés de ce qui a été décidé ou de ce qui s’est déjà passé. L’information diffusée n’appartient qu’aux professionnels extérieurs.

La participation consultation

Les gens participent par la consultation ou en répondant à des questions. Ils ne prennent pas part à la prise de décisions et les professionnels ne sont pas obligés de prendre en compte les opinions des gens consultés.

La participation planification conjointe

La participation est considérée par les intervenants extérieurs comme un moyen de réaliser les objectifs des projets et notamment de réaliser une réduction des coûts. Les gens sont invités á participer en créant des groupes pour atteindre des objectifs déterminés conjointement.

La participation prise de décision

Les gens participent à l’analyse commune, qui débouche sur des plans d’action et la création ou le renforcement des groupes ou institutions locaux, qui déterminent eux-mêmes l’utilisation des ressources disponibles. Des méthodes d’apprentissage servent à découvrir les différents points de vue et les intégrer dans la prise de décision.

Maîtrise locale

Les gens participent en lançant des initiatives indépendamment des institutions extérieures. Les contacts qu’ils établissent avec les institutions extérieures leur permettent d’obtenir des ressources et des conseils techniques, mais ils continuent d’être maîtres de l’utilisation des ressources fournies. »

 

Dans le cadre du développement local :

L’information et la sensibilisation

Les acteurs publics informent la population du projet qui va être réalisé sans attendre de retour particulier de sa part. La sensibilisation est une forme d’information qui utilise " des arguments de bon sens, des données chiffrées, des métaphores, mais qui joue aussi parfois sur la fibre émotionnelle du public pour lui faire prendre conscience de l’importance d’un phénomène ou d’une cause, et de sa capacité propre à agir ".

Si l’information représente le niveau le plus faible de la participation, elle demeure une composante indispensable dans les autres niveaux.

La consultation

Forme organisée d’information ascendante, la consultation a pour objectif de recueillir l’avis de tout ou partie des citoyens d’un territoire.

Le citoyen ne participe pas à la décision, mais, par ses remarques, éclaire le décideur. La consultation peut relever d’une obligation légale (enquêtes publiques) ou être volontaire (référendum municipal, questionnaire d’enquête).

La concertation

La concertation se caractérise par l’implication fondée sur le travail en commun des élus, des techniciens et des habitants du territoire sur un projet public, selon une procédure collective préalable à la décision.

Il s’agit de rapprocher l’ensemble des acteurs autour d’un projet afin de permettre son appropriation et son acceptation par tous. C’est la forme la plus exigeante, la plus difficile et en même temps la plus efficace dans les démarches de développement durable pour faire comprendre les enjeux mondiaux et globaux, pour faire émerger de nouveaux projets et surtout pour en garantir ultérieurement, lors de leur mise en œuvre, leur réussite et leur pérennité.

Cependant, la concertation ne veut pas dire partage de la décision. Elle participe au processus de décision en l’alimentant, mais l’espace de la concertation n’est pas le lieu de la décision.

La codécision

La codécision correspond au niveau le plus élevé de la participation.

Il s’agit d’un véritable partage du pouvoir de décision sur les principales options du projet en question voire sur son opportunité

  Dans le secteur sanitaire, on retrouve certains de ces degrés de participation en France, FNORS en 2012

¨    L’expression et la communication : s’exprimer, c’est faire connaître quelque chose par le langage. Il s’agit donc de l’affirmation de soi par la prise de parole, sans préjuger de la portée de cette action sur son environnement.

¨    La consultation, qui associe la participation des personnes, suscite la discussion pour obtenir de leur part des éléments avant d’effectuer des choix. La décision prise n’étant toutefois pas obligatoirement liée aux points de vue émis.

¨    La concertation est le fait d’associer les personnes à une recherche de solutions communes.

¨    La codécision enfin vise le partage de la décision entre les intervenants. Elle implique un réel partage des pouvoirs à l’issue d’une négociation pour parvenir à un accord ou à une résolution commune.

Ci-dessous les différents degrés de participation recensé par des ONG

Différentes ONG ont identifié dans leurs pratiques des formes et des degrés de participation variés : In Manuel de la participation à l’usage des acteurs humanitaires ? pour une meilleure implication des populations affectées par une crise dans la réponse humanitaire

 

La représentation circulaire donne moins l’idée que le processus participatif devrait aller vers « un sommet »

 

Ce qui fonde la participation : La reconnaissance De la dignité humaine

  


[1] Midglez J. - Popular participation as a strategy for promoting community level action and national development .- United Nations, 1981

[2] GODBOUT J. - La participation contre la démocratie.- Montréal : Éditions Saint Martin, 1986

[3] Participation des groupes vulnérables, FAO http://www.fao.org/docrep/V9860F/v9860f01.htm#TopOfPage

[4] inconnu

[5] Ibid. OMS 2000

[6] Barbier R., La Recherche Action, Anthropos, 1997

[7] Bill Jackson, Traduit de Designing Projects and Projects Evaluations using the Logical Framework Approach, http://iucn.org

[8] Santé communautaire, Henri Franchet, Polycopié, Master II, Université Lyon 1, 1995

[9] Adapté de J.BURY, Éducation pour la santé, Bruxelles 1988.

[10] Marcelle Delour, séminaire septembre 96 de la commission Développement social et santé, Document de travail, SFSP

[11] Ibid. OMS 2000

[12] Rapport sur la participation des usagers aux services sociaux fournis aux particuliers. Conseil de l’Europe, mars 2007

 

[13] Chislip, David D. and Carl E. Larson. “Collaborative Leadership, How Citizens and Civic Leaders Can Make a Difference”. San Francisco: Jossey-Bass Publishing, 1994, pp. 51- 4.

 

[14] Ibid.OMS 2000

 

[15] LA PARTICIPATION : VUES D’AMERIQUE CENTRALE Groupe URD Mai 2002

 

[16] BARON Gaëlle, MONNIER Eric, Une approche pluraliste et participative : Coproduire l’évaluation avec la société civile, op.cit. p2

 

[17] Adapté de BARON Gaëlle, MONNIER Eric, Une approche pluraliste et participative : Coproduire l’évaluation avec la société civile, art.cit. p2