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De nouvelles approches apparaissent qui permettent de pendre en compte les questions sociétales et environnementales.

Henri Franchet

Très tôt, la participation fait son entrée dans les démarches de planification à l’étape évaluation. En effet, « un problème répandu dans le monde est la sous-utilisation des résultats d’évaluation »[1]  « on note souvent, à ce propos, que la faible utilisation des évaluations est notamment liée à la faible implication des acteurs concernés directement ou indirectement par l'action publique étudiée dans le processus d'évaluation. En réaction, un nombre croissant de théoriciens et praticiens, essentiellement Américains, ont développé depuis la fin des années 1970 des méthodes d'évaluation dites participatives. »[2]

Les problèmes de société sont la propriété de tout le monde, et ils ne sont plus simplement cernables dans des expertises techniques spécialisées. Les problèmes de banlieues en sont une bonne illustration. Que sont-ils sinon la convergence sur un même territoire de difficultés liées à la crise économique qui mènent au chômage, à l’échec scolaire, à l’exercice de l’autorité parentale, à l’attitude des forces de police et à un urbanisme mal maîtrisé ? La politique de la ville (en France) par exemple, se trouve dans une configuration qui justifie pleinement le recours à la cogestion et à la participation, car elle est une politique partenariale par nécessité. Une action publique efficace va de pair avec la coopération et la coordination des institutions publiques, ce qui déjà n’est pas chose aisée à obtenir. Mais cette coopération institutionnelle indispensable demeure insuffisante. Elle n’a de sens que si les assujettis y sont eux-mêmes impliqués.[3]

Par ailleurs, pour faire face aux problèmes nouveaux, aux situations nouvelles qui se posent dans tous les secteurs, on assiste à une évolution considérable des processus de résolution de problème, l’approche systémique, (le modèle DPSEEA[4] dans le secteur sanitaire), l’approche participative en sont les meilleurs exemples, et ce dans tous les secteurs, tant dans le domaine de la recherche que dans les démarches de planification.[5]

Le développement durable nous invite à changer nos modes de penser, de gérer de produire, de décider. Fondé sur des approches globales, systémiques et participatives, nous nous devons pour les générations futures d’intégrer dans nos projets le long terme et l’impact environnemental.

La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés…aux processus de prise de décision…[6]

À tous les niveaux, les institutions prônent la participation active de tous les acteurs concernés, des approches multidisciplinaire, multisectorielle, intégrée, transversale, horizontale.

Différents facteurs ont contribué à favoriser cette évolution et les changements de comportement qu'elle entraîne :

Les démarches de planification restent encore trop verticale et doivent être complétées, enrichis car :


 

Le cadre logique au dire d’acteurs de terrain dans différents pays : « s’il suit différentes étapes d'analyse, il reste un bon outil de planification, car il permet d’ordonner les différentes idées, de programmer des activités prévues en fonction des résultats visés. Il facilite l'évaluation (objectifs, résultats, indicateurs). Mais il devrait être développé de manière participative et pas considéré de manière figée, rigide. Il ne doit pas devenir une référence absolue. Il peut paraître un outil très occidental s'il est utilisé avec des partenaires du Sud. Il ne permet pas de prendre en compte les «effets non voulus» du projet ni de décrire les processus. Il permet d'obtenir le financement, mais il n’est pas toujours connu des professionnels. Il permet une réflexion sur la logique d'intervention. Pour les financeurs, il facilite la lecture du dossier du projet et d'avoir une vision globale. »[10]

De nos jours, la participation devient « la clé de voûte de tout développement durable », FAO 2000. L’OMS rappelle « l’importance d’une approche stratégique de la participation de la population. » « La participation de la collectivité est placée en tête des programmes politiques et publics des pouvoirs locaux, des autorités sanitaires et autres institutions. Ces développements inclus SANTE 21, AGENDA 21 et les Villes-Santé… La participation de la population au processus décisionnel constitue l’un des droits de l’homme…La participation de la population se doit d’être durable et efficace, elle doit être développée et pratiquée de manière cohérente, coordonnées et stratégiques… » [11]

 

Les avantages de la participation

En effet, pour les Organisations Internationales, les ONG, la participation permet de :
 
 
 
 
 
En résumé, face aux problèmes nouveaux, dont les causes sont multiples, leurs analyses nécessairement systémiques requièrent des approches pluridisciplinaires et participatives et des réponses intersectorielles et innovantes.
 
Pour mieux prendre en compte les micros réalités, on assiste au passage :
 
 
La participation de la population et des professionnels de terrain, dont les avantages ne sont plus à démontrer, devient un enjeu majeur du 21° siècle.
 
Si le professionnel devient acteur de la planification, la participation de la population ne dépasse que trop rarement encore la simple consultation à l’étape diagnostic.
 
Préparer le terrain à ces processus participatifs est l’une des conditions préalables. Former les décideurs habituels, les professionnels, les habitants à leurs nouveaux rôles est l’une des clés du changement.
 
Clé de voûte de tout développement durable, la participation doit être définie et faire l’objet d’une véritable planification stratégique.

[1] Projet Sphère, COMPAS Qualité, Humanitarian Accountability

Partnership International (HAP-I), Synergie Qualité3, etc. soulignent l’importance de la participation. »

[2] Participation de la population à la santé locale et au développement durable. Approches et techniques. OMS 2000

[3] Henri Franchet, Bilan et perspectives des Ateliers Santé Ville, introduction, Jeudi 27 janvier 2005, Assemblée Nationale, Paris


[1] AUBEL Judi, Manuel d’évaluation Participative de Programme, Comment assurer la participation des

exécutants de programme dans le processus d’évaluation, Programme d’Appui Technique à la Survie de

l’Enfant (Child Survival Technical Support - CSTS) et des Services de Secours Catholique (Catholic Relief

Services - CRS), avril 2000, p17

[2] BARON Gaëlle, Evaluation, participation, apprentissage : une conception de l’action publique avec rationalité limitée. op.cit. p 9

[3] Patrice DURAN Groupe d’analyse des politiques publiques, Ecole Normale Supérieure de Cachan in les Rencontres pour l’avenir de l’éducation populaire LeS 5 ET 6 novembre 1998, la Sorbonne, PARIS

[4] Le modèle DPSEEA, développé par l’OMS depuis 1997, l’ambition de ce cadre d’analyse est d’éclairer les principales relations entre les trois composantes (développement, environnement et santé) et de faciliter l’identification des politiques et des mesures susceptibles de prévenir les dommages sanitaires. Les forces motrices (développement économique, croissance de la population, technologies, etc.) exercent différentes pressions sur l’environnement (production de déchets, émissions de polluants, consommation de ressources naturelles). Ces pressions modifient l’état de l’environnement (quantité et qualité des ressources disponibles). L’altération de l’environnement a des conséquences en termes d’exposition des populations à certains dangers. Selon la gravité de ces dangers, le niveau et les conditions d’exposition, les dommages sanitaires (effets) seront plus ou moins importants.

[5] Henri Franchet Les guidages dans les processus de résolution de problèmes, , polycopié, 1997, Université Lyon I

[6] In Principe N° 10 Résolution Rio1992

[7] Henri Franchet, Les difficultés rencontrées lors de la mise en place des Soins de Santé Primaire In Santé Communautaire, polycopié, , Université Lyon I 1993

[8] Traduit de Bill Jackson, Designing Projects and Projects Evaluations using the Logical Framework Approach, http://iucn.org

[9] Ibid. Henri Franchet

[10] Etude menée sur 20 projets au Bénin Burkina Faso Cameroun Maroc RDC Rwanda Cambodge Pérou. BOLIVAR, Jean-Gynse (Nov. 2008) « Comment intégrer les questions d’environnement et de développement durable dans l’ensemble des méthodologies de la gestion de projet : une démarche conceptuelle orientée vers un modèle de planification de projet basé sur l’Approche Cadre Logique ». Mémoire de maîtrise en gestion de projet, 231 pages, Université du Québec à Rimouski, Québec, Canada.

[11] Ibid. OMS 2000