DPP

La Participation

 

« Tout ce qui est fait sans nous, pour nous, est fait contre nous.»
Gandhi, fréquemment repris par Mandela
 

 

Avec la volonté de planifier la participation, il nous faut la définir, puis en repérer les formes existantes pour enfin en identifier les degrés auxquels les acteurs pourraient intervenir et à quelle étapes d’une démarche de planification. Afin de préparer le terrain à ce type de démarche, nous devrons alors préciser les changements que cette participation induit dans le rôle des acteurs concernés, les facteurs qui favorisent ces démarches.      

 

Qu’est ce que la participation ?

  • « La création d'occasions qui permettent à tous les membres de la communauté et à la société en général de contribuer activement, d'influencer le processus du développement ainsi que de partager équitablement les bénéfices du développement. »[1]
  • « La participation communautaire, c'est le processus d'échange volontaire entre une organisation qui accorde un certain degré de pouvoir aux personnes touchées par elle et ces personnes qui acceptent en retour un certain degré de mobilisation en faveur de l'organisation. Pour constituer un phénomène stable, la participation suppose un équilibre entre pouvoir et mobilisation. » [2]
  • « Tout projet, qu'il soit ou non participatif, déclenche une participation cachée des populations, différente de celle qui est autoritairement assignée (dans le cas des projets non participatifs) ou suscitée (dans celui des projets participatifs) par le projet. Parce que les projets participatifs ambitionnent, d'une part, de dépasser les schémas simplistes de l'approche classique et, d'autre part, de déplacer l'équilibre des rapports de forces inégalitaires, la prise en compte de la "participation cachée" est particulièrement importante. Cette prise en compte est indispensable pour clarifier le concept de Participation. Bien que les projets participatifs soient par définition décentralisés, et concernent par conséquent des populations très localisées, leur analyse nécessite la prise en considération de contextes beaucoup plus larges à l'échelle régionale et nationale. Cela est particulièrement vrai de l'analyse des phénomènes d'exclusion puisque les procédures d'exclusion ne sont que la face symétrique et cachée des procédures qui permettent à certains groupes de bénéficier d'un accès privilégié aux ressources (Gore 1995) à l'occasion, en particulier, de leur "participation cachée". Or ces procédures "d'inclusion" privilégiée dans l'accès aux ressources relèvent de réseaux et de relations entre groupes qui opèrent aux niveaux régionaux et nationaux et commandent en grande partie les procédures locales d'exclusion. »[3]
  • « La participation est plus un ensemble de principes qu’une idéologie, une éthique plus qu’un modèle… au fond, il s’agit dans la participation d’apprendre à respecter et écouter les opinions, sentiments et connaissances de ceux que nous avons ‘ciblé’ dans le passé; d’être transparent en ce qui concerne nos intentions d’intervenir dans leurs vies… d’être attentifs à décentraliser et à déléguer, en permettant aux moins puissants de gérer de plus grandes ressources et d’assumer plus de responsabilité; de partager nos connaissances et notre expertise … Bref, il s’agit de s’ouvrir, de prendre des risques et de montrer de la confiance. De tels changements ne viennent pas facilement à ceux qui ploient sous le poids de longues années d’instruction formelle et de cultures hiérarchiques. »[4]
  • « La participation est souvent associée à d’autres termes :
    • La consultation…il ne signifie pas pour autant que les personnes soient engagées de manière active dans les processus décisionnel.
    • L’implication…la citoyenneté…l’action communautaire…
    • L'autonomisation est un processus continu en vertu duquel les individus et/ou les populations obtiennent la confiance, l'estime de soi, la compréhension et le pouvoir nécessaires à l'énonciation de leurs préoccupations, à la garantie que des actions sont entreprises pour y répondre et d'une façon plus générale à la prise en charge de leur vie, Il est évident que ce concept est au centre des approches sur la promotion de la santé en matière d'action communautaire et est implicite dans l'engagement de l'Agenda 21 visant à renforcer la participation de la population. L'application de ce concept s'inspire souvent de la philosophie de Freire sur la conscientisation. » [5]

 

En 2000, la FAO et l’OMS définissent très clairement ce qu’est la participation :

  • « Une approche où toutes les parties prenantes sont équitablement et activement engagées dans la formulation de politiques et de stratégies de développement, l'analyse, la planification, la mise en œuvre, le contrôle et l'évaluation des activités de développement. Pour que ce processus soit plus équitable, il faut permettre aux plus défavorisés d'accroître leurs connaissances et de gérer eux-mêmes leurs moyens d'existence, surtout lorsque les initiatives de développement affectent leur vie. L'approche participative devrait rassembler ceux qui sont ou devraient être impliqués dans un processus de développement qui leur est propre, ceux qui sont touchés par ce processus et ceux qui participent à la prise de décisions. » FAO 2000                    
  • « Un processus selon lequel les personnes sont en mesure d'être impliquées de manière active et véritable dans la définition de points les concernant, la prise de décisions sur des facteurs affectant leur vie, dans la formulation et la mise en œuvre de politiques, la planification, le développement et la prestation de services, le processus d'action visant à un changement. » OMS 2000
  • Au cours de ces 30 dernières années, notre pratique professionnelle nous a amené à adapter et à combiner ces différentes méthodes pour élaborer, développer, évaluer des projets de développement et former des responsables du niveau intermédiaire à la programmation. Nous dénommons cette combinaison la "Démarche Participative de Planification (DPP)". Nous avons enrichi ces outils de planification, de techniques de créativité, d’approches empruntées à l’analyse systémique, à la pédagogie et aux méthodes de dynamique de groupe. Pour que ce processus soit réalité, pour aller plus loin que la simple consultation, nous proposons que la participation soit planifiée et programmée à toutes les étapes du cycle de projet comme un projet en soi. Nous considérons alors que :
  • La « Participation est un processus[6] dans lequel un groupe, élabore ses projets avec des professionnels, institutions, élus, capables de faciliter, guider, encadrer une Démarche Participative de Planification. Dans laquelle, ce groupe identifie ses atouts[7], pas seulement ses problèmes, ses besoins. Et de façon croissante, assure lui-même la responsabilité de planifier, gérer et évaluer l'action collective nécessaire pour résoudre, amoindrir ses problèmes, répondre à ses besoins, étendre ses succès, en s'appuyant sur ses points forts. »[8]

 

Qu’est ce que le groupe ? 

  • « Le groupe se forme à travers la prise de conscience de relations privilégiées entre des ou ses membres, et du fait que ces relations autorisent des changements sociaux impossibles à réaliser autrement. Il ne s'agit donc plus d'un ensemble d'individus liés par des systèmes de valeurs communs, de la nature des relations que ceux-ci établissent et de la dynamique de progrès et de développement que ces relations autorisent. Il peut être localisé géographiquement (village, quartier), permanent ou temporaire (les usagers d'un service).»[9] Cette prise de conscience est généré par un événement déclencheur interne, externe, (un problème, une décision) qui concerne chacun de ses membres. 
  • Le processus participatif contribue au changement social :

 

Que devient le rôle des différents acteurs dans les processus participatifs ? 

L'expert, l’élu, le professionnel partagent une vision, veille, prospecte. Il n’est plus une référence indiscutable, mais celui qui accompagne l'émergence de la dynamique locale. Son rôle n'est plus ou n'est pas d'apporter des solutions,mais il permet l'émergence des solutions dans le groupe »[10] 

Il soutient les habitants et valorise au mieux ce que réalisent ces derniers. 

Le citoyen 

Passe du rôle de spectateur, d’usager, de bénéficiaire, de client au rôle d’acteur citoyen. Mais ceci implique une forme d’organisation politique qui permette l’expression de la population.

 

Qu’exige la participation ?

  • Un engagement des cadres, des élus. Une ouverture au changement, de nouvelles compétences :
  • L’animation,La communication,  La concertation, L’ingénierie participative de programme » [11]  
  • Chronophage elle impose souplesse institutionelle et de nouvelles formes de mobilisation des ressources

 

Quelles sont les conditions qui favorisent la paticipation ?

Considérer les usagers comme  

  • des citoyens ayant des droits et des pouvoirs, élément indispensable d’une implication réelle par opposition à une participation symbolique ;
  • des consommateurs responsabilisés et protégés, ayant des possibilités de choix et de sortie;
  • des clients dont les besoins, les avis et les préférences doivent être pris en compte dans les organisations modernes et bien gérées de services publics ;
  • des coproducteurs qui assument leur rôle de citoyen et leurs priorités en tant que membres d’une collectivité en coopérant avec les gestionnaires des services et les professionnels ou en mettant sur pied leurs propres services.[12]

Bonne insertion temporelle et besoin clair. Les acteurs sont-ils prêts à collaborer et existe-t-il un sentiment d’impatience à travailler ensemble ?

  • Des groupes d’acteurs forts. Sont-ils crédibles, bien organisés, et capables de représenter de manière efficace leurs intérêts ?
  • Large implication à la base. Tous les secteurs importants concernés par la question dont on s’occupe sont-ils représentés par opposition à un petit nombre, provenant de façon prédominante d’un seul secteur ? Les femmes sont-elles aussi impliquées que les hommes à tous les niveaux ? Écoute-t-on leurs priorités et sont-elles intégrées dans la décision ?
  • Crédibilité et ouverture du processus. Tous les acteurs considèrent-ils que le processus est juste, y compris la prise de décision partagée, le processus est-il ouvert à tous, et pas seulement une activité de cachet à apposer par une partie dominante, et géré selon des procédures convenues qui assurent ces qualités d’engagement mutuel ?
  • Engagement et/ou implication de dirigeants de haut niveau, visibles. Si le maire, par exemple, ne peut pas s’impliquer, envoie-t-il un représentant avec l’autorité de décision ? Les citoyens ou les organisations de la société civile favorisent-ils leurs meilleurs représentants pour la participation ?
  • Soutien ou consentement des autorités ou de pouvoirs « établis ». Les institutions clés ou les blocs de pouvoir – par exemple, le conseil municipal, la chambre de commerce, les ONG locales, les groupes minoritaires sont-ils d’accord pour soutenir et observer les recommandations auxquelles on est parvenu par le processus collaboratif ?
  • Dépasser le manque de confiance et le scepticisme. Des efforts précoces ont-ils été faits pour traiter de ces questions et les surmonter ?
  • Vigoureuse direction du processus. Le processus de collaboration a-t-il été géré de manière efficace ? Quelques exemples de ce rôle-clé consistent à maintenir les acteurs à la table à travers des périodes de frustration et de scepticisme, reconnaître les petites réussites sur le parcours, aider les acteurs à négocier les points difficiles et faire respecter les normes de groupes et les règles de base.
  • Réussites intermédiaires. Des réussites intermédiaires ont-elles été réalisées, poursuivies, reconnues et célébrées pour fournir encouragement et viabilité ?
  • Passage aux questions plus larges. Les participants au processus se focalisent-ils moins sur leur propre intérêt étroit et plus sur les larges intérêts de la communauté à mesure qu’ils mûrissent dans leurs efforts de travailler ensemble ? »[13]

 

C'est à partir d'actions concrètes, apparemment limitées, circonscrites dans le temps et l'espace que les personnes regroupées pour faire face à des pro­blèmes communs prennent conscience :

  • de leur environnement physique et social, dans la mesure où l'action contribue à élargir le champ de conscience,
  • de leurs intérêts et des enjeux incompatibles avec ceux qui les exploitent ou les excluent,
  • de leurs potentialités, en abordant de nouveaux problèmes au fur et à mesure que des solutions sont trouvées,
  • de leurs capacités, par l'expérience et l'expérimentation de l'agir collectif,
  • de leur force collective auprès de ceux qui les oppriment ou les rejettent et des organes d'autorité en agissant regroupés et non individuellement.

Il existe une dynamique dialectique entre l'action concrète et la prise de conscience critique chaque fois plus large des situations. Des "points de pas­sage" sont identifiables entre plusieurs "niveaux" ou contenus de conscience.

Dans les démarches accompagnant des groupes vulnérables, en situation extrême de pauvreté, d’aliénation, la mise en oeuvre d’actions concrètes et rapides est essentielles. Elles ont un réel pouvoir subversif, en inversant le cercle d’échec répété, en induisant une force d’identification, elles contribuent à renforcer, initier les mécanismes de résilience individuels et communautaires.      

 

Quelles sont les différentes formes de participation ?

L’OMS distingue 3 formes de participation

  • "La participation obligatoire, les citoyens sont appelés à participer à une action sur laquelle ils n’ont que très peu de contrôles
  • La participation spontanée se réfère à des initiatives émanant de la communauté elle-même, initiatives qui seront gérées par ladite communauté avec, éventuellement, l’appui de professionnels ou d’institutions diverses
  • La participation provoquée qui constitue l’inverse de la précédente, soit des initiatives prises à l’extérieur de la communauté, mais qui cherche des appuis à l’intérieur de celle-ci. "[14]

 

La participation vue d’Amérique centrale

  • « La participation formelle (participacion con enfoque formal).
    Ce qui caractérise la participation formelle, c’est le très faible degré de responsabilité qui est octroyé aux populations bénéficiaires. Leur unique fonction est d’émettre une opinion à propos d’un projet par le moyen d’un vote ou par une simple signature. La participation est ici réduite à sa plus simple expression, suffisante cependant pour déclarer un projet comme étant «participatif». La population qui reçoit ce type de projet reçoit très peu d’informations sur l’origine des problèmes et les solutions adoptées. Généralement, ce type de projet est vécu par ses bénéficiaires comme un apport éphémère. Ce type de projet a généralement été teinté de propagande politique, occasionnant le discrédit de toute politique locale et la manipulation des communautés a des fins étrangères aux intérêts de la population.
  • La participation basée sur l’information de la population (participacion con enfoque de suministro de informacion).
    Il s’agit généralement de projets nécessitant l’apport de la main d’oeuvre des communautés.
    Les promoteurs ce type de projet se voient obligés d’informer la population sur certains aspects du projet car il réclame un certain niveau de qualification pour le réaliser. Le fait que la communauté soit informée et formée élève le niveau de la participation par rapport à la participation formelle, mais ne permet pas cependant de pérenniser le projet et de faire en sorte qu’il soit approprié par les communautés.
  •  La participation par consultation (participacion por consulta).
    C’est actuellement l’une des formes de participation les plus utilisées au Salvador, notamment dans les programmes gouvernementaux. L’un des outils les plus utilisés est le Cabildo Abierto, qui est un mécanisme de consultation utilisé par les municipalités. Il sert généralement à consulter l’ensemble des communautés d’un municipe sur leurs besoins. L’avantage de ce mécanisme est qu’il considère la participation à une échelle territoriale plus grande que celle de la communauté et de s’attacher à faire participer la population à l’exécution du projet (même si ce n’est pas toujours vrai). Cependant, cette pratique de la participation n’offre pas la prise de décision des personnes consultées car le résultat des consultations n’est pas toujours pris en compte. Les élus promoteurs du projet gardant un pouvoir décisionnel in fine, ce dispositif n’empêche pas la politisation des projets.
  • La participation fonctionnelle (participacion funcional).
    Les communautés ont ici un rôle central dans l’administration des ressources et la définition du projet. C’est dans le cadre de programmes de santé et d’éducation ainsi que dans de petits projets communautaires que cette pratique a été expérimentée. Elle s’inspire des tendances et des revendications en terme de démocratisation et de décentralisation dans le pays.
  • La participation interactive (participacion interactiva)
    Ce mode de participation a été utilisé par les organisations non gouvernementales au Salvador depuis 1994. Cette pratique se base sur le fait que toutes les personnes concernées par un problème doivent participer à l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation de projet tendant à traiter une problématique. Fortement fondé sur l’ingénierie sociale et une «consultation permanente», l’impact des projets de ce type porte davantage sur le moyen et le long terme.
    Dans ce type de pratique, les acteurs internes (la population et les municipalités) et les acteurs externes (fonctionnaires, coopération internationale) doivent jouer un rôle d’égale importance et partager des intérêts communs.
  • La participation fondée sur l’auto-développement (participacion basada en el autodesarrollo).
    la participation est fondée sur la responsabilité partagée à tous les niveaux du projet : de la recherche de ressources jusqu’à la gestion «durable » du projet et de ses composantes. Les acteurs sociaux, l’Etat, les entreprises et la coopération internationale doivent travailler conjointement afin de trouver des appuis financiers et techniques aux problèmes traités, mobiliser la société civile et mettre en place une stratégie de développement local.
    Les thèmes et les problèmes abordés sont bien plus nombreux et plus complexes que dans les autres modes de participation, impliquant ainsi de nouveaux acteurs dans le développement local. La délinquance juvénile, les loisirs, les droits sociaux et politiques, la justice, la corruption peuvent être, entre autres, des thèmes traités dans le cadre de ce type de développement local «intégré». Cependant, quatre conditions sont nécessaires avant d’initier ce mode de développement :

1. La mise en place d’un processus de participation citoyenne

2. Un réel niveau de décentralisation (transfert de ressources, de décision et de pouvoirs au niveau local)

3. La concertation comme nouvelle forme de relation entre les différents acteurs du développement.

4. Traiter de nouveaux thèmes du développement local (délinquance, justice, etc.) »[15]

 

Quels sont les degrés de la participation ?

Les différents types de participation que l’on vient d’évoquer se réfèrent à des degrés de participation des acteurs concernés à différents niveaux de décision.

La participation rentre dans le cycle de gestion de projet à partir de la 4° genération d’évaluation.

 

Génération

Type

d'évaluation

Qui décide du   contenu de

l’évaluation   ?

Qui pilote les   travaux

d’évaluation ?

Qui produit le   jugement final

?

1ère à

3ème

Managériale

Administration   responsable de la gestion

L’équipe d’évaluation

4ème (a)

Coproduite  

Autorités publiques (élus   ou

Directeurs)

Gestionnaires   + Opérateurs

L’équipe d’évaluation

4ème (b)

Pluraliste

Autorités publiques

(élus ou Directeurs)

Autorités publiques +   Société civile + (Opérateurs)

5ème

Emancipation

Société civile

Les 5 générations d’évaluation [16]

DPP

Autorités publiques+ Financeurs + Société civile (ONG,   Associations) + Opérateurs+ Professionnels de terrain+ Citoyens vulnérables

 

Dans ce cadre, la Démarche Participative d’Evaluation, DPE, se situe entre la 4° et 5° génération d’évaluation en accordant une place particulière aux citoyens vulnérable et une attention particulière aux choix des méthodes dont les résultats et leurs présentations doivent être compréhensibles, lisibles par les principaux utilisateurs des recommandations.

Ici, toutes les parties prenantes sont invitées à participer, à contribuer aux différentes étapes du processus évaluatif :

  1. la définition en commun du contenu du projet d’évaluation : les enjeux et questions prioritaires (le mandat d’évaluation),
  2. la validation de la/ des méthodes utilisées, de la ou des formes de présentation des résultats avec une exigence de compréhension, d’accessibilité par tous ceux qui sont impliqués dans la décision et du programme de travail (le cahier des charges)
  3. le pilotage et la supervision des travaux, collecte des données (participation à une Instance d’évaluation),
  4. puis l’analyse et la présentation des résultats
  5. l’interprétation des données collectées (la production du jugement final),
  6. et enfin, la formulation de recommandations élaborées par les principaux utilisateurs.[17]

 

Pour la FAO

La participation information ou participation passive

Les gens sont tenues informés de ce qui a été décidé ou de ce qui s’est déjà passé. L’information diffusée n’appartient qu’aux professionnels extérieurs.

La participation consultation

Les gens participent par la consultation ou en répondant à des questions. Ils ne prennent pas part à la prise de décisions et les professionnels ne sont pas obligés de prendre en compte les opinions des gens consultés.

La participation planification conjointe

La participation est considérée par les intervenants extérieurs comme un moyen de réaliser les objectifs des projets et notamment de réaliser une réduction des coûts. Les gens sont invités á participer en créant des groupes pour atteindre des objectifs déterminés conjointement.

La participation prise de décision

Les gens participent à l’analyse commune, qui débouche sur des plans d’action et la création ou le renforcement des groupes ou institutions locaux, qui déterminent eux-mêmes l’utilisation des ressources disponibles. Des méthodes d’apprentissage servent à découvrir les différents points de vue et les intégrer dans la prise de décision.

Maîtrise locale

Les gens participent en lançant des initiatives indépendamment des institutions extérieures. Les contacts qu’ils établissent avec les institutions extérieures leur permettent d’obtenir des ressources et des conseils techniques, mais ils continuent d’être maîtres de l’utilisation des ressources fournies. »

 

Dans le cadre du développement local :

L’information et la sensibilisation

Les acteurs publics informent la population du projet qui va être réalisé sans attendre de retour particulier de sa part. La sensibilisation est une forme d’information qui utilise " des arguments de bon sens, des données chiffrées, des métaphores, mais qui joue aussi parfois sur la fibre émotionnelle du public pour lui faire prendre conscience de l’importance d’un phénomène ou d’une cause, et de sa capacité propre à agir ".

Si l’information représente le niveau le plus faible de la participation, elle demeure une composante indispensable dans les autres niveaux.

La consultation

Forme organisée d’information ascendante, la consultation a pour objectif de recueillir l’avis de tout ou partie des citoyens d’un territoire.

Le citoyen ne participe pas à la décision, mais, par ses remarques, éclaire le décideur. La consultation peut relever d’une obligation légale (enquêtes publiques) ou être volontaire (référendum municipal, questionnaire d’enquête).

La concertation

La concertation se caractérise par l’implication fondée sur le travail en commun des élus, des techniciens et des habitants du territoire sur un projet public, selon une procédure collective préalable à la décision.

Il s’agit de rapprocher l’ensemble des acteurs autour d’un projet afin de permettre son appropriation et son acceptation par tous. C’est la forme la plus exigeante, la plus difficile et en même temps la plus efficace dans les démarches de développement durable pour faire comprendre les enjeux mondiaux et globaux, pour faire émerger de nouveaux projets et surtout pour en garantir ultérieurement, lors de leur mise en œuvre, leur réussite et leur pérennité.

Cependant, la concertation ne veut pas dire partage de la décision. Elle participe au processus de décision en l’alimentant, mais l’espace de la concertation n’est pas le lieu de la décision.

La codécision

La codécision correspond au niveau le plus élevé de la participation.

Il s’agit d’un véritable partage du pouvoir de décision sur les principales options du projet en question voire sur son opportunité

  Dans le secteur sanitaire, on retrouve certains de ces degrés de participation en France, FNORS en 2012

¨    L’expression et la communication : s’exprimer, c’est faire connaître quelque chose par le langage. Il s’agit donc de l’affirmation de soi par la prise de parole, sans préjuger de la portée de cette action sur son environnement.

¨    La consultation, qui associe la participation des personnes, suscite la discussion pour obtenir de leur part des éléments avant d’effectuer des choix. La décision prise n’étant toutefois pas obligatoirement liée aux points de vue émis.

¨    La concertation est le fait d’associer les personnes à une recherche de solutions communes.

¨    La codécision enfin vise le partage de la décision entre les intervenants. Elle implique un réel partage des pouvoirs à l’issue d’une négociation pour parvenir à un accord ou à une résolution commune.

Ci-dessous les différents degrés de participation recensé par des ONG

Différentes ONG ont identifié dans leurs pratiques des formes et des degrés de participation variés : In Manuel de la participation à l’usage des acteurs humanitaires ? pour une meilleure implication des populations affectées par une crise dans la réponse humanitaire

 

La représentation circulaire donne moins l’idée que le processus participatif devrait aller vers « un sommet »

  • Le niveau macro : traite les questions socio-économiques, techniques ou d'organisation dans le processus d’élaboration des politiques et programmes, en général au niveau national.
  • Le niveau (Méso) intermédiaire : se concentre sur les institutions, les structures et les services qui font le lien entre les politiques de niveau macro et le niveau du terrain.
  • Le niveau (Micro) de terrain : se focalise sur les personnes, les ménages et les communautés.

 

Ce qui fonde la participation : La reconnaissance De la dignité humaine

  


[1] Midglez J. - Popular participation as a strategy for promoting community level action and national development .- United Nations, 1981

[2] GODBOUT J. - La participation contre la démocratie.- Montréal : Éditions Saint Martin, 1986

[3] Participation des groupes vulnérables, FAO http://www.fao.org/docrep/V9860F/v9860f01.htm#TopOfPage

[4] inconnu

[5] Ibid. OMS 2000

[6] Barbier R., La Recherche Action, Anthropos, 1997

[7] Bill Jackson, Traduit de Designing Projects and Projects Evaluations using the Logical Framework Approach, http://iucn.org

[8] Santé communautaire, Henri Franchet, Polycopié, Master II, Université Lyon 1, 1995

[9] Adapté de J.BURY, Éducation pour la santé, Bruxelles 1988.

[10] Marcelle Delour, séminaire septembre 96 de la commission Développement social et santé, Document de travail, SFSP

[11] Ibid. OMS 2000

[12] Rapport sur la participation des usagers aux services sociaux fournis aux particuliers. Conseil de l’Europe, mars 2007

 

[13] Chislip, David D. and Carl E. Larson. “Collaborative Leadership, How Citizens and Civic Leaders Can Make a Difference”. San Francisco: Jossey-Bass Publishing, 1994, pp. 51- 4.

 

[14] Ibid.OMS 2000

 

[15] LA PARTICIPATION : VUES D’AMERIQUE CENTRALE Groupe URD Mai 2002

 

[16] BARON Gaëlle, MONNIER Eric, Une approche pluraliste et participative : Coproduire l’évaluation avec la société civile, op.cit. p2

 

[17] Adapté de BARON Gaëlle, MONNIER Eric, Une approche pluraliste et participative : Coproduire l’évaluation avec la société civile, art.cit. p2