Les dynamiques préexistantes

Par définition, la démocratie participative s’enracine dans le quotidien et dans l’action. Le lien social et les valeurs démocratiques s’éprouvent dans l’action en faveur de l’éducation mutuelle, de la santé, du bien-être, de la prévention des risques, de la protection de l’environnement, de la lutte contre les violences, etc. [15]

Mais la question des échelles reste posée. Ansi, par exemple, « les dispositifs d’urbanisme participatif se confrontent souvent à cette question, les élus locaux acceptant de déléguer une partie de leur pouvoir lors des aménagements de quartier, mais s’y refusant à propos des projets de plus grande ampleur. Est-on condamné à osciller entre une conception forte de la démocratie participative, mais se limitant à de petites échelles, et une démocratie consultative pouvant inclure des projets à grande échelle ? »[16]

De plus, « au niveau local les dynamiques préexistantes au projet ne disparaissent pas bien au contraire, du seul fait d'une approche participative.

Sans tomber dans une idéalisation des mécanismes de régulation des inégalités internes aux communautés une prise en compte de ces mécanismes montre que l'appui des projets participatifs aux catégories vulnérables entraîne pour les bénéficiaires des "coûts de dérégulation". Se soustraire à des relations de dépendance ou de clientèle implique presque toujours un coût social immédiat et des conflits de loyauté, risque quelquefois de provoquer un effet de stigmatisation et peut s'avérer contradictoire avec des stratégies d'émancipation en cours...

On ne doit pas sous-estimer le changement introduit par la participation (en particulier des plus pauvres) dans le champ du pouvoir local, surtout s’ils ont accès à des ressources propres et si le projet permet d'ouvrir de nouveaux espaces publics…

Le problème n'est donc pas tant que la promotion de la participation des groupes vulnérables entraîne des conflits et des manœuvres de récupération: cela est inévitable. La question principale est celle du dosage des effets des interventions participatives 

Reconnaître les effets intrinsèquement politiques et conflictuels de tout projet, qui jouent en faveur des groupes d'acteurs dominants, ne doit pas conduire à sous-estimer le changement introduit par la participation (en particulier des plus pauvres) dans le champ du pouvoir local; cela ne doit pas conduire, par ailleurs, à surestimer la complexité et à se condamner à l'inaction. » [17]

Initiés dans l’enthousiasme, les dynamiques participatives, prennent du temps Elles nécessitent des ressources humaines et des moyens financiers souvent négligés. Dés lors, elles peuvent provoquer de la désillusion voir de la démobilisation. Aussi, des activités à mise en œuvre rapide et à effets immédiats doivent être mise en œuvre dans les trois premiers mois qui suivent le démarrage d’un processus participatif.[18]


[1] Démocratie délibérative : Capacité d’influencer les décisions d’intérêt général Processus de discussion publique ouverte à la participation citoyenne, assurer l’expression de la diversité des points de vue dans l’espace public. Espace public de démocratie appelée « semi-directe » Processus permet le débat public selon des règles équitables, transparentes et rigoureuses sur des enjeux collectifs qui feront l’objet de décisions publiques par les élus issus de la démocratie représentative.

[2] Démocratie participative : Il peut s’agir d’une Participation citoyenne exprimée à travers les associations volontaires et les mouvements sociaux, comme émanation du capital social et facteur de cohésion sociale. Ou encore un modèle politique alternatif qui implique un partage du pouvoir de décision entre les élus et les citoyens au sein d’instances formelles de participation. Le Budget participatif de Porte Allegre en représente le cas type qui nécessite une réelle décentralisation de pouvoir et de moyens.

La démocratie participative est une nouvelle forme de démocratie, qui permet aux citoyens une implication dans les différents processus de décisions.

Les citoyens participent activement au débat public et aux différentes décisions concernant la politique locale, régionale, voire nationale. Ils élisent un représentant local à qui ils confient la responsabilité du vote des lois, mais souhaitent conserver un pouvoir de consultation et de participation : c’est un système mixte.

Plusieurs principes caractérisent la démocratie participative :

  • Une initiative législative aux citoyens, qui jouit d’un droit de vote étendu par rapport au système de démocratie "classique".
  • La participation à des débats libres pour traiter les décisions à une échelle locale.
  • L’examen des propositions constructives des citoyens, à travers une organisation du système démocratique et consultatif.

La démocratie participative enrichit le fonctionnement municipal, elle est complémentaire de la démocratie représentative. Elle favorise l’apport citoyen de chacun à la vie de la cité.
Le citoyen n’est plus spectateur de la vie publique, il en devient un acteur : il est une partie prenante de la politique locale, il s’implique dans la vie civile.

La démocratie participative est une demande forte des citoyens qui veulent pouvoir participer à la construction de leur environnement et de la politique de leur ville et de leur pays.

Plusieurs villes en France ont mis en œuvre des actions de démocratie participative.

 

[3] Yves Sintomer M.H. Bacqué et H. Rey, Gestion de proximité et démocratie participative La Découverte, Paris, 2005

[4] Sacopar, La participation communautaire en santé, 1998

[5] Séguier Dumas, Construire des action collective

[6] Freire Paulo, (1977), La pédagogie des opprimés suivi de Conscientisation et révolution, petite collection Maespéro, Paris.

[7] Evelyne Simondi & Bruno Goloubieff « L’accompagnement en travail social » Groupe de recherche sur les pratiques d'accompagnement, Axe 3 de l'UMR ADEF2005

[8] Philippe Merlant, extrait du livre de Jacques Robin & Laurence Baranski L’urgence de la métamorphose, ILV, 2014

[9] Bacqué Marie-Hélène et Yves Sintomer (dir.), Amélie Flamand et Héloïse Nez (coll). La démocratie participative inachevée : genèse, adaptations et diffusions, Paris/Gap : Adels/Yves Michel  2010

[10] Fred Fisher. Ameliorer les relations entre citoyens et autorités locales par la planification participative.

[11] La participations des habitants Synthèse novembre 2013 http://eclips.hypotheses.org/282

[12] Gestion Publique, Participation Citoyenne et Pouvoir Politique. Silvana Maria Pintaudi Universidade Estadual Paulista – UNESP Campus de Rio Claro, SP, Brasil, 2011

[13] FAO http://www.fao.org/docrep/V9860F/v9860f01.htm#TopOfPage

[14] Sintomer Yves, M.H. Bacqué et H. Rey, Gestion de proximité et démocratie participative La Découverte, Paris, 2005

[15] Sue Roger, Quelle Démocratie voulons-nous ? Pièces pour un débat (en collaboration), Paris, Éditions La Découverte, 2006.

[16] Héloise Nez, « La démmocratie participative en butte à la grande échelle. La participation citoyenne dans l’urbanisme à Paris et à Cordoue, Métropolitques, 9 mai 2011. Url : http://www.metropolitiques.eu/IMG/pdf/MET-Nez-2.pdf  

[17] FAO http://www.fao.org/docrep/V9860F/v9860f01.htm#TopOfPage

[18] Franchet Henri, extrait intervention Séminaire « Enjeux et Conseils de Développement » département de géographie Université de Poitiers 15 Mars 2001