4. Les états affectifs au sein du corpus de l’enquête.

Les communications pourront traiter des questions de méthode ayant trait à l’étude des dimensions affectives des procédures et processus de la démocratie participative. La difficulté ici est d’éviter d’indéfiniment proroger l’enquête empirique en prétendant pouvoir préalablement clore les débats relatifs à la meilleure manière de conceptualiser et de classifier les multiples formes d’états affectifs (« émotions », « affectivité », « affects », « sentiment », « humeur », « passion »…). A minima, il convient de ne pas confondre, d’une part les états affectifs exprimés, d’autre part les états affectifs éprouvés. Inférer directement les seconds des premiers constitue, bien évidemment, une erreur qui relève de la surinterprétation (Mariot, 2001). Plus précisément encore, l’étude de ces deux domaines de phénomènes interdépendants requiert des formes de connaissance sociologique bien distinctes (Traïni, 2010). L’observation des états affectifs exprimés, pour sa part, exige une perspective compréhensive de type sémiologique dans la mesure où il s’agit bien de rendre compte de l’un des fondements de l’intercompréhension et des interactions entre les acteurs étudiés. L’analyse des états affectifs éprouvés, en revanche, nécessite une prise de risque interprétative bien plus grande qui relève du paradigme indiciaire (Ginzburg, 1989). Tenter de reconstituer les sentiments et les sensibilités des acteurs, en effet, nécessite le recoupement de traces et d’indices perçues, parfois de manière très indirecte, à travers des données souvent hétérogènes : entretiens, récits de vie suscités ou autobiographies, observation participante, comparaison des cas dans le temps et dans l’espace, indicateurs statistiques semblant révéler des propriétés sociales distinctives, etc…

Là encore, il s’agira de centrer ces réflexions méthodologiques sur les problématiques propres à l’étude de la participation des publiques et de la démocratie participative. Le centre de gravité de ce domaine d’étude ne justifie-t-il pas de s’en tenir exclusivement aux émotions exprimées publiquement ? Dans quelle mesure, au contraire, l’analyse des dispositions affectives que les individus doivent à leur histoire — et dont dépend ce qu’ils éprouvent sans nécessairement l’exprimer — constitue une indispensable pièce de l’enquête ? Dans des contextes aussi normativement contraints, comment éviter que l’analyse des dispositions affectives des acteurs puisse être confondue avec ces entreprises de disqualification à travers lesquelles leurs détracteurs s’efforcent parfois de rabattre les principes qu’ils proclament sur des mobiles moins avouables ? Comment refuser que les « émotions » — comme parfois les « intérêts » — puissent simplement alimenter des explications réductrices et téléologiques des conduites individuelles ?

Les communications pourront interroger les implications de tels questionnements en décrivant la manière dont elles ont pesé au cours de leur enquête sans craindre de souligner les éventuelles difficultés rencontrées.

Ce colloque est interdisciplinaire. Les communications en provenance de toutes les disciplines concernées par l’étude des phénomènes participatifs et délibératifs à caractère empirique ou théorique sont bienvenues : sociologie ; science politique ; aménagement, urbanisme et géographie ; histoire ; sciences de l’information et de la communication ; philosophie ; social science studies…

Les propositions (3 à 5 000 caractères) devront :

expliciter les questions soulevées et la méthode retenue et devront être envoyées au plus tard avant le 1er décembre 2015 à :

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Responsables

Loïc Blondiaux (Université Paris 1, CESSP)

Christophe Traïni (IEP Aix-en-Provence, CHERPA)

Comité scientifique

Rémi Barbier (ENGEES, Strasbourg)

Daniel Cefaï (EHESS)

Francis Chateauraynaud (EHESS)

Paula Cossart (Université Lille III, CeRIES)

Philippe Corcuff (IEP Lyon, Cerlis)

Jean-Michel Fourniau (IFSTTAR, Gis Démocratie et participation)

Alice Le Goff (Université Paris V, CERSES)

Catherine Neveu (EHESS, IIAC)

Magali Nonjon (IEP Aix-en-Provence, CHERPA)

Isabelle Sommier (Université Paris 1, CESSP)

Julien Talpin (CNRS, CERAPS)

Joëlle Zask (Aix Marseille Université)