Démarches participatives et Démocratie représentative Henri Franchet 

Si les avantages de la participation ne sont plus mis en doute, la participation des citoyens dans le débat public et les prises de décisions pose de nouvelles questions.

Elle n’est pas dans l’air du temps et peut aller jusqu’à présenter un risque pour ses initiateurs ou simplement être freinée tant par les contexte politiques dans lesquels elle évolue, que par les hommes eux mêmes. La France, elle-même, n’en fini pas de questionner voir d’opposer démocratie représentative, délibérative[1] et participative[2].

Ainsi, dans ce contexte, la participation non préparée, peut donner le sentiment de remettre en cause chez les politiques, les chefs d’entreprises, les responsables associatifs, leur légitimité, leur pouvoir décisionnel. Dans tous les cas, elle bouscule les habitudes du citoyen en général et les pratiques professionnelles même dans le cas particulier de la participation des groupes les plus vulnérables.

L’idée de démocratie participative a des antécédents, en particulier dans les thématiques autogestionnaires des années 1960 et 1970. Après une éclipse dans les années 1980 et 1990, la problématique a fait peau neuve sous l’influence du budget participatif de Porto Alegre, au Brésil. Dans cette ville, un dispositif complexe permet aux citoyens qui le souhaitent de participer à la définition du budget communal. Fondée sur un ensemble de règles co-élaborées par l’exécutif municipal et les participants, la procédure a permis une redistribution des ressources en direction des plus pauvres. Les classes populaires ont investi un dispositif qui a par ailleurs favorisé une modernisation de la gestion et a largement sapé les vieux liens clientélistes. Du coup, budget participatif et démocratie participative sont devenus le nouvel étendard d’une partie de la gauche, après l’effondrement du socialisme bureaucratique et alors que les démocraties libérales sont confrontées à une crise de confiance des citoyens à l’égard du système politique. Simultanément, des institutions peu suspectes d’être subversives, comme l’ONU ou la Banque Mondiale, ont repris l’idée dans une logique moins radicale pour lutter contre la corruption, favoriser une meilleure utilisation des fonds publics ou combattre la pauvreté.[3]

L’époque, et le contexte urbain : Participation ou individualisme collectif

« Le système libéral et la mondialisation ont rarement été aussi efficaces dans leur rôle de promotion de l’individualisme et des valeurs du libéralisme. Cela s’accompagne indubitablement d’un déficit des valeurs de solidarité et d’entraide, qu’aggrave la défense de l’argent comme seul vecteur d’élévation dans la hiérarchie sociale. L'époque actuelle serait plutôt à l'anti-participation ou, du moins à une participation individualisée qui n'aurait comme seul objectif que la rentabilité financière.»[4]

Au rythme actuel, 65 % de la population sera urbaine en 2025, et plus de 80 % dans de nombreux pays. Il y a déjà, en l'an 2000, 213 villes de plus d'un million d'habitants, et 23 métropoles de plus de 10 millions d'habitants, et selon l’ONU (FNUAP), la population urbaine pourrait encore doubler d'ici 100 ans.

« Les idéaux de cohésion sociale, les valeurs de participation et d’entraide ont été considérablement mis à mal dans le contexte urbain et post-industriel moderne. La fracture des liens sociaux s’est imposée de manière plus durable, ce qui renforce les sentiments de passivité et de chacun pour soi au détriment de la citoyenneté active… Comment interpréter autrement l’indifférence et l’absence de véritables protestations, face à la montée des exclusions ? (…) Ces ruptures de liens sociaux liées aux périodes de crise et de mutation accentuent l’intolérance aux modes d’expression non légitimés et aux conduites non normalisées."[5]